Étiquette : Ours brun

25 Nov

Une semaine dans la Taïga Fin du périple

Dernier jour. C’est l’occasion de faire une nouvelle balade le matin pour explorer la nature. On parcourt les pistes en voiture, la taïga est magnifique. Quelques tétras posés sur un arbre (!) s’envolent à notre passage sans qu’on ait le temps de les photographier. Une buse pattue se laisse photographier à la cime d’un arbre et s’envole.

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L’après-midi, dernier affut de ce séjour. Un groupe a réservé les affuts en bord d’étang pour l’après midi, et a demandé à sortir à 19h30. C’est plutôt une bonne nouvelle pour nous, car il aurait été difficile de conjuguer une nouvelle nuit en affut, avec retour vers les 8h30, avec un départ suffisamment tôt pour rejoindre l’aéroport d’Oulu.

Xavier choisit de retourner dans l’affut de Taïga Spirit, un autre groupe repart au Boreal et nous nous répartissons les affuts restant au WBB. Avec Pascal on choisit un affut situé en forêt, toujours pour changer et varier les points de vue. Les rencontres y sont brèves et rares, et le sous bois rend les conditions de prise de vue difficiles. En effet on aura un seul passage d’une ourse et son petit, et je ne garderai qu’une photo du “sourire” de la bête, le boitier est poussé 16000 iso et s’en sort pas mal.

Xavier aura ce soir là une soirée magique, avec les jeux des petits ours, et un glouton qui se balade tranquillement et grimpe aux arbres. On est contents pour lui, il s’est suffisamment cassé les dents pour que la chance lui sourie enfin. Ses cartes sont pleines, c’est le “gavage” intégral.

C’est le moment de conclure sur ce séjour en Finlande. Déjà, on a eu beaucoup de chance, avec la présence d’ours et de gloutons. Certains ne font presque pas d’observations pendant leur séjour, alors que tout le monde dans notre groupe a pu faire au moins des photos d’ours. Les conditions d’observations sont optimales en affut et limitent le dérangement ou l’imprégnation des animaux. La possibilité est offerte à la population locale d’observer et de démystifier ces mammifères carnivores réputés dangereux dans l’inconscient collectif. Il n’y a pas eu d’accident en Finlande depuis plus de 20 ans, et le dernier accident est un malheureux concours de circonstances : un joggeur s’est trouvé entre une mère et ses petits, la mère a voulu l’éloigner et l’a blessé mortellement.

Quand on observe les ours depuis un affut, on réalise rapidement qu’ils sont sans cesse aux aguets, le moindre bruit, la moindre odeur les met en fuite. Ils sont d’une prudence maladive, ils craignent les autres ours et l’homme plus que tout. Il est extrêmement rare de croiser un ours brun en se “promenant”, même en étant discret. Alors se faire attaquer…

Les autres saisons offrent d’autres attitudes, d’autres observations. Donc une seule envie : y retourner.

23 Oct

Une semaine dans la taïga (suite 4)

Jeudi, départ pour un nouveau spot, repéré par Gilles et Marine la veille. A une soixantaine de kilomètres de notre hébergement, se trouve le Boreal Wildlife Center tenu par Kari Kemppainen et Yani Määttä, deux sympathiques personnages.

Une grande partie de la route est en fait une piste, en très bon état, pas poussiéreuse et exempte de trous et graviers. On roule bien, à environ 70-80km/h. Dans un champ, en passant, on repère quelques rennes qui paissent (comme on voit des chevreuils en Bourgogne…). Ce sont des femelles, elles ont des bois comme les mâles, mais plus petits, et les perdent après la période du rut.

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A notre arrivée vers 13h nous sommes accueillis chaleureusement par Yani et Kari. Une visite des logements nous convainc qu’on est un cran au dessus de WBB. Tout est très récent et bien décoré, la salle commune est belle et moderne, la capacité d’accueil n’est pas non plus la même (plus réduite).
Gilles connait bien Kari et la discussion s’engage avec lui. Il est cameraman et a été le sujet d’un documentaire animalier il y a quelques années (Le paradis des prédateurs). Actuellement il est en train de tourner un nouveau doc, et il nous montre les photos réalisées à ce titre… fantastiques images de gloutons en particulier… inaccessible… Vraiment très sympa, il ne mâche pas ses mots et balance des blagues grivoises en anglais. Je reviendrai le voir avec plaisir, il est très intéressant.

C’est aussi l’occasion de discuter avec un scientifique belge qui passe 10 jours sur le site pour observer et compter les loups. Les anecdotes sont croustillantes, il fait ça depuis plus de 30 ans dans toute l’Europe…

Après un bon repas (préparé par Yani) et un café, départ pour les affuts. On est dans la forêt, par choix, mais il y a aussi moyen d’affuter sur une tourbière. Les affuts sont situés dans la bande de terre qui sépare la Finlande de la Russie. Le centre dispose d’autorisations spéciales.

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On passe donc la frontière Finlandaise en voiture et en arrivant près des affuts on croise Kari qui vient de disposer les appâts. Deux minutes de marche et on trouve les deux affuts, beaucoup plus sommaires que ceux des jours précédents. Peu importe, on est là pour la soirée seulement. On est 3 avec Pascal et Bernard à se partager un affut où on serait plus confortables à deux. Mais on s’accorde bien et la promiscuité sera vite oubliée. A côté Gilles et Marine partagent le deuxième affut, plus petit. Et Gilles commence à regretter d’avoir laissé le 70-200 à Vartius. Tant pis, il relève le challenge et nous sortira des beaux gros plans au 600 tandis que Marine se régale avec le 200-400.

Après une matinée grisâtre le soleil se montre dans l’après midi et les couleurs sont fantastiques. Vite très bas ses rayons éclairent la taïga d’une lumière dorée.

L’attente commence et nous avons la visite d’un visiteur inespéré. J’aperçois des oiseaux inconnus et fais une photo pour identification. Bernard, notre spécialiste ornitho fait un bond en regardant mon écran “Je le crois pas, il vient de voir un mésangeai imitateur!”. J’apprendrai par la suite que c’est un oiseau typiquement scandinave, qui vit au couvert dans la taïga. Nous sommes contents de cette observation. Heureusement il viendra se poser juste devant nous et je ne serai pas le seul à le voir.

Moins d’une heure après notre arrivée, les deux premiers ours passent. Deux mâles, dont un vraiment énorme, qui nous fait prendre mesure de la puissance de l’animal, la proximité aidant.

Nous aurons la visite d’au moins 6 ours dans l’après midi et le début de soirée. Certains passent rapidement, d’autres restent un peu.

Je n’arrive pas toujours à différentier les individus (cicatrices sur le museau, marques diverses) mais certains ont une couleur originale ou des taches, comme celui ci passé en toute fin d’après midi (18h47 12800 iso 1/125e à f4, conditions extrêmes pour les boitiers). Je vous épargne les dernières photos faites une demie heure plus tard, à 100 000 iso… pour le fun.

Une belle après midi, on ne regrette pas d’avoir dépensé plus d’argent que prévu pour essayer cet endroit. On n’a pas eu la chance de voir les gloutons ou les loups, mais il en faut pour la prochaine fois. Pour une première, nous sommes très satisfaits tout en étant conscients qu’il y a encore beaucoup à faire.

 

13 Oct

Une semaine dans la taïga (suite 3)

Mardi après midi, départ pour un nouveau spot. Toujours sur le même principe, Taïga Spirit est tenu par Sabrina, française installée en Finlande depuis plus de 10 ans. L’été elle propose des sorties orientées animaux (rennes, élans, chouettes, tétras etc…) ou paysage, à la demande. Elle a également construit 2 affuts pour la photographie, très bien pensés et entretenus. L’hiver elle part en Laponie où elle est guide de randonnée à ski. Elle est aux petits soins pour ses hôtes et prépare des casse croutes de luxe, qui font du bien dans les affuts lorsque la température baisse un peu en ce début d’automne. Nous avons passé pas mal de temps dans la semaine avec Sabrina à sillonner la taïga à la recherche d’animaux, et à discuter et plaisanter pendant les trajets en voiture. C’est un puits d’informations sur la région, la nature et la population, et son regard aiguisé permet de mettre en perspective l’activité qui est développée autour de ces affuts photographiques. Elle collabore ainsi avec des équipes scientifiques qui étudient et protègent les loups, ours et autres gloutons entre autres. Les affuts d’observation (elle en possède un aussi) permettent aux habitants de la région d’observer les animaux qui les entourent, et parfois dont ils ont peur. C’est donc un moyen de combattre les mythes qui perdurent sur la dangerosité de ces prédateurs de la taïga pour les humains.

En cette fin septembre une ourse et ses deux petits fréquentent régulièrement la zone observée depuis les affuts (en pleine forêt). Deux gloutons viennent également régulièrement sur le site (sans doute un mâle et une femelle). Nous aurons l’occasion de voir tout ce petit monde, dans des conditions de lumière assez difficiles étant donnée les chutes de neige. C’est un glouton qui ouvre le bal, avec une visite assez furtive sur un petit monticule. On ne boude pas notre plaisir, c’est notre deuxième observation de glouton et nous savons que nous sommes très chanceux.

Glouton, ou carcajou pour les canadiens, wolverine en anglais

Soudain il se dresse, inquiet, et prend la fuite. Il ne nous faut pas longtemps pour comprendre la raison de cette inquiétude, l’ours apparaît bientôt accompagnée de ses deux oursons de l’année. L’approche se fera doucement, ils restent à distance un moment avant de venir à proximité. Il resteront finalement assez longtemps à portée d’objectif, sous une lumière déclinante, les autofocus mis à mal par les flocons de neige.

Les deux oursons ont des caractères assez différents, on les surnommera Tanguy et Morfal. Le plus brun, Tanguy, reste dans les jupons de sa mère et s’en éloigne difficilement. Le deuxième, Morfal, plus clair et plus grand, se sauve rapidement tout seul, explore, téméraire, toute la zone et rallie toujours en retard la petite troupe quand la mère décide de s’éloigner un moment.

Tanguy est en fait sans doute une femelle d’après Sabrina, ce qui explique sa taille plus fluette.

La petite famille au complet

Les ourses peuvent avoir plusieurs partenaires lors du rut, et ainsi dans une même portée les oursons peuvent avoir des pères différents.

Le second glouton passera de nuit, et nous nous contenterons de l’observer grâce à la lumière réfléchie sur la neige. Une très belle soirée, et un site d’observation à recommander, un environnement très esthétique qui change de ce qu’on a pu faire avant. Vendredi soir, Xavier, retourné tout seul dans cet affut, aura une soirée extraordinaire, avec les oursons jouant devant son objectif, le glouton présent très longtemps et grimpant aux arbres. Ça reste de l’observation naturaliste, le facteur chance est très important et il faut multiplier les heures d’affut pour avoir le bonheur de saisir de telles scènes. Chez Sabrina on ne passe pas la nuit dans les affuts à cette période, elle vient nous chercher vers 21h, ce qui permet aux animaux d’avoir moins conscience de notre présence (ils voient quelqu’un arriver et repartir et assimilent la visite à un simple passage).

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