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27 Avr

Sale temps pour les blaireaux en Côte d’Or

Une année très riche et très occupée, mais tant de photos que ça. Il faudrait que je fasse un billet sur mon voyage aux Shetland en juin 2017…

En attendant, reprise de la saison avec un animal qui me tient à cœur, le blaireau.

Il est malheureusement menacé en Côte d’Or par un arrêté éradication, parce qu’il est accusé d’être vecteur de la tuberculose bovine et présente donc un risque pour les troupeaux d’élevage.

Voici le message que j’ai envoyé à la préfecture de Côte d’Or pour la consultation qui prenait fin le 11 avril, j’ai essayé d’être concis, mais le rapport du CSPNB ( Le conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité) est très intéressant.

Bonjour,

 

Je m’oppose à cet arrêté. En effet le CSPNB a rendu un rapport sur le blaireau le 2 juin 2016 qui fait état de plusieurs constations (sources https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CSPNB%2020160601.pdf ):

  • La population de blaireaux est stable et modérée.
  • Les évocations de dégâts sur les cultures ne sont pas étayées
  • Le blaireau peut être porteur de la tuberculose, mais il est plus probable que la contamination soit la cause du contact avec des animaux domestiques plutôt que le contraire. Le blaireau ne serait pas le coupable, mais donc la victimede la contamination.
  • Toute réduction brutale de l’effectif entraine peut d’effet sur la population : l’espace libéré est reconquis par d’autres blaireaux (études Anglaises)
  • La vaccination des blaireaux pourrait être une alternative prometteuse si besoin était.
  • les méthodes utilisées pour éliminer les blaireaux sont pour certaines considérées comme « particulièrement  choquantes.
  • Je cite : « En conclusion, ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux. La règlementation devrait proscrire et   pénaliser   les   méthodes   d’abattage   inhumaines,   encourager   l’exploration   de   voies alternatives  à  l’abattage,  et,  dans  le  cas  de  la  tuberculose,  permettre  la  vaccination  des blaireaux même dans les régions où la prévalence de la maladie est encore faible. »

Tous ces arguments sont amplement suffisants pour que ce projet d’arrêté soit définitivement abandonné.

 

Meilleures salutations
Benjamin Judas

19 Juil

Guêpiers : et si ça devenait compliqué?

Après l’euphorie des débuts, je vais de moins en moins voir les guêpiers. C’est la période où d’autres photos sont réalisables, le printemps touche à sa fin et les portées de mammifères sont déjà agées et prennent leur indépendance doucement. Ces photos prennent du temps, cette année par exemple j’essaie de multiplier les observations de blaireaux. A suivre…

L’environnement peut être très minéral. Les guêpiers creusent leurs nids dans les rives travaillées par la rivière.

Mais là, j’avais promis à un photographe rencontré sur une expo de l’emmener voir des guêpiers. Je n’ai pas d’assez bons “spots” pour justifier de faire faire à quelqu’un 300km pour venir faire des photos d’animaux. Mais les guêpiers, c’est “facile”, c’est à dire qu’en principe, quand on connait un spot on est assuré d’y voir des oiseaux tout au long de la saison. Et c’est un si bel oiseau… Donc j’ai pensé pouvoir le proposer, à quelqu’un de confiance. Et bien on a failli faire choux blanc.
En plus d’une météo assez exécrable le matin, les oiseaux étaient très peu présents. Pourtant à cette période, ils sont en principe très actifs car ils nourrissent les petits. Et lors d’une sortie “reconnaissance” un mois avant j’avais vu une vingtaine de couples au moins, au juger…
Là, très peu d’oiseaux… et craintifs, ils se perchent en haut des arbres et boudent les buissons habituels.La visite d’un deuxième endroit a permis de faire quelques photos, heureusement!

Malgré le mauvais temps, les insectes sont assez présents, heureusement pour le nourrissage des petits.

Tentative d’explication… La rivière a érodé la rive et peut être que le site est moins propice. Mais je pense plutôt que cet endroit devient très connu, et que la réputation de “facilité” de la photo de guêpier joue des tours à ces oiseaux qui viennent d’Afrique nicher dans notre région.

Il y a une différence entre venir une demi-journée le week end, et passer la semaine devant les nids. Et quand bien même on vient une journée de temps en temps, si on est 30 à venir, ça fait une occupation quasi continuelle du site. C’est un des gros problèmes du partage des spots. Dont je profite comme tout le monde, je tiens à le préciser.

Ils se perchent souvent avant de rejoindre le nid, et se croiser parfois avec leur partenaire. C’est le moment de faire des photos!

Et il y a une différence entre être débutant et faire des bêtises (comme tout le monde et moi le premier) et savoir pertinemment qu’on fait mal et persister.
Pour étayer mon propos je précise que j’ai vu il y a deux ans, trois photographes debout devant les nids, objectifs sur trépieds pointés sur les oisillons, et qui m’ont assuré qu’ils ne dérangeaient pas puisque les oiseaux venaient nourrir les petits (encore heureux!). Et une discussion Facebook sur l’accès à un site montpelliérain me fait penser que ce comportement est devenu trop fréquent.

Je ne vais pas faire de leçon de moral et me présenter comme le photographe parfait. Loin de là, comme tout le monde j’ai ma propre notion des “limites” à ne pas dépasser, et parfois je me trompe, je me rends compte que j’ai dérangé un animal et je corrige. Pour faire souvent des photos avec des amis, je sais qu’on a tous des limites différentes, et personne n’est sûr d’avoir raison.

Ceci dit, il y a des bases, une étique. Et faire photos d’oiseaux sous un filet, ou mieux une tente, c’est la base. Les guêpiers sont effectivement très tolérants, mais qui en a déjà approché sait qu’ils s’en vont au passage d’un promeneur, pour revenir 5mn après. Donc venir avec une tente, s’installer au bon moment et rapidement, ça n’est pas une grosse contrainte et c’est le strict minimum pour qu’ils puissent vaquer à leurs préoccupations sans être inquiétés. Souvent je me mets à une distance raisonnable d’un buisson où les oiseaux viennent (j’aime bien les perchoirs naturels) et je place un perchoir à mi distance. Quand un oiseau vient s’y poser, et c’est quasi systématique, je me dis que je ne suis pas dans sa zone de sécurité. Il a adopté le nouveau paysage.

Les hirondelles des rivages sont les voisines de palier des guêpiers. Et elles ne chôment pas!

Bref, ce n’est pas un coup de gueule, mais ça y ressemble… je pense qu’il est de notre responsabilité de faire le ménage dans nos rangs, calmement, mais fermement, avant que des interdictions le fassent pour nous. On doit communiquer, expliquer aux débutants qu’après leurs couteux achats optiques, une grosse centaine d’euro dans une tente est un excellent investissement, et la garantie d’avoir des oiseaux qui viennent à nous, plutôt que de courir après… plutôt que de faire les cadors en montrant des photos qui font baver les nouveaux venus, et leur font imaginer qu’elles sont réalisables en “soignant son approche”…

J’ai trouvé des photographes très intelligents qui m’expliquent les bases sur la photo de cerfs, leur vie, leurs mouvements. Je ne peux pas prétendre avoir l’expérience de naturalistes qui font ça depuis 15 ou 20 ans alors que ça n’en fait que 4 ou 5 pour moi… Ils préfèrent transmettre leurs connaissances pour minimiser l’impact de l’arrivée d’un nouveau photographe plutôt que de le laisser commettre ses inévitables bévues. J’admire cette démarche, je les en remercie et si je peux la reproduire à mon échelle, je ne m’en priverai pas. Je pense que c’est un exemple à prendre, il y va de notre responsabilité.

08 Mar

Hermines du jura

Pour la deuxième année consécutive, le séjour hivernal dans le massif du Jura entre amis nous a permis d’observer et photographier des hermines. Après avoir fait un très intéressant stage avec Fabien Gréban en 2013 qui m’a permis d’apprendre la bonne approche, je préfère maintenant consacrer (beaucoup) de temps en repérage et photographier les hermines au gré des rencontres, quitte à ce qu’elles soient très rares. J’ai d’ailleurs fait chou blanc les premières années.

Il faut avoir l’œil aiguisé pour repérer l’hermine lorsqu’elle est en vigilance maximum

Il faut rappeler qu’un stage avec un photographe spécialisé comme Fabien est la manière la plus efficace et la plus sure d’aborder une nouvelles espèce. Surtout si on n’a pas de temps à consacrer au repérage, étape longue, frustrante mais indispensable.

Les repérages et les affuts infructueux sont souvent l’occasion d’observer des scènes intéressantes avec les autres animaux qui fréquentent les sites. Ici un faucon crécerelle qui s’envole après avoir dégusté sa proie au sol.

Fabien connait très très bien sa région, l’espèce, les individus et sais enseigner les bons gestes pour minimiser au maximum le dérangement de la faune, et optimiser les chances de faire des images. Même quand on est un photographe confirmé il est toujours très enrichissant de partager une ou deux journées avec un spécialiste d’une espèce inconnue, et c’est le meilleur moyen de faire des images “proprement” sans consacrer le temps qui serait nécessaire à obtenir les mêmes résultats seul.

Revenons à nos… moutons. Cette année au bout de deux jours nous avions 2 hermines repérées, et au final 4. Notre repérage est devenu plus efficace, on connait mieux le biotope. Le séjour commençait très bien! Mais beaucoup de questions se posent encore…

Cette hermine peu farouche regarde passer une joggeuse le long de la route, tandis que nous photographions un autre individu.

C’était sans compter le temps qui a joué les trublions, les fenêtres météo ont été assez rares. Après des heures d’affut dans la neige, la boue, la pluie… le soleil a pointé et les hermines ont repris leur activité intensives. Elles peuvent rester plusieurs jours sans chasse lorsque les conditions ne sont pas favorables, et il semble que c’était le cas. Elles piochent alors dans leurs réserves souterraines.

Elles savent se montrer très peu farouches (la preuve cette hermine qui regarde passer une joggeuse sur la route) mais peuvent aussi rester cachées des jours entiers.

Les hermines font constamment le gué. Pour guetter les proies et surtout surveiller les éventuels rapaces qui sont leurs prédateurs, ainsi que les renards. La traditionnelle “chandelle” qui permet d’apercevoir ces petits mustélidés quand on a l’œil un peu exercé.
Ici on voit bien le pompon noir de la queue qui permet de les distinguer de leurs cousines martres ou belettes quand elles sont en pelage d’été.
Elles peuvent se montrer curieuses. Ici, habituée à cette masse qui produit des “clic clic” elle n’est plus inquiète que ça.

 

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