Cette année j’avais décidé de concentrer mes efforts sur les cerfs d’une part, et les animaux de terrier, renards et blaireaux, d’autre part. Ces animaux font parti de mon « big five » photographique régional.
On pourrait croire que l’exercice est facile si on se fie aux nombreuses photos qu’on peut trouver sur le web, mais rien n’est simple et ça demande beaucoup de temps.
Petite aparté ou coup de gueule à ce propos : dans certains secteurs en Côte d’Or, les blaireaux sont exterminés, accusés de propager la tuberculose aux élevages. L’espèce est également un gibier (on pourra s’interroger sur les motivations à la chasser…) donc la pression humaine est très importante sur cet animal dont la dynamique de population est relativement faible. Selon les régions il devient donc difficile de trouver des terriers occupés. On trouve plus souvent des bombes de produits qui ne devraient plus être utilisés depuis des années…
Fin de l’aparté…
Tous les photographes nature le savent, on fait des projets… et au final, on constate que le bilan est loin de ce qu’on avait planifié, la nature est imprévisible, ce qui fait tout son intérêt.
Des nombreuses séances de repérage des différents sites fréquentés par les cerfs, je n’ai pas tiré beaucoup plus de photos de cet animal qui demande un gros apprentissage. Il est pourtant bien présent, mais sait se faire très discret pour parvenir à sauver sa peau, d’une saison de chasse à l’autre.
Pour les blaireaux (et accessoirement les renards qui fréquentent les mêmes terriers, surtout pendant la période des naissances), j’avais décidé d’utiliser des pièges photos pour la surveillance des allées et venues.
Pas d’inquiétude, ces appareils n’ont de piège que le système infra rouge qui permet de détecter la présence d’un animal dans le faisceau. L’appareil photo interne permet alors de prendre des photos et même des vidéos. Un éclairage LED noir discret permet de prendre des images la nuit et les boitiers contiennent assez d’emplacements de batteries pour tenir quelques semaines, voire quelques mois.
Il suffit alors de venir relever la carte mémoire. On a toujours le cœur qui bat un peu plus vite quand on glisse la carte dans le lecteur, pressé de savoir ce qui a pu passer devant le piège.
Ayant tout à apprendre de ces animaux, malgré mes lectures naturalistes, j’ai considéré que c’était la méthode la moins dérangeante pour en savoir plus sur leurs allées venues.
J’ai donc entrepris d’enfin utiliser l’appareil que j’avais acheté l’année passée. Suivant les conseils d’amis plus expérimentés, j’ai décidé de laisser au moins une semaine le piège en place. Ces petites boites à images ne s’apprivoisent pas spontanément et la sanction est lourde quand à l’issue de la semaine on constate qu’aucune image n’a été prise. C’est autant de retard sur la saison qui s’accumule.
J’ai fini par avoir quelques images de passages, j’ai acheté un deuxième appareil pour pouvoir couvrir plus de terriers. J’ai petit à petit appris à mieux configurer les appareils, et mieux les placer. Voici deux de ces vidéos qui m’ont permis d’attester d’une présence sur les terriers pour vous faire une idée :
Malheureusement dans l’euphorie, j’ai oublié que la période des Mai arrivait, avec leurs lots de cueilleurs qui arpentent le moindre mètre carré de forêt. Ça n’a pas raté, mes pièges qui étaient invisibles en temps normal depuis les sentiers, ont été découverts et volés.
Évidemment, ça met un coup au moral, et j’ai baissé les bras quelques semaines. Et puis la période de la fenaison arrivait, mais ça fera certainement l’objet d’un autre billet.
La motivation est revenue à l’occasion d’une interview que j’ai réalisée pour le forum Alphadxd. La photo que j’avais choisie est issue d’une série réalisé par Samuel Hauviller (je vous recommande de visiter sa galerie). Ça a été l’occasion d’échanger un peu sur nos façon de procéder avec cet animal assez atypique, et je le remercie pour ses quelques conseils. Ça a suffit à me donner à nouveau l’envie de passer quelques heures en affut, pour enfin parvenir à quelques rencontres. Je ne peux que conseiller également la lecture du formidable fil de Jean-Pierre, alias RoboisdesBains, sur le forum Benelux. La qualité de ses vidéos et photos n’a d’égale que la gentillesse de leur auteur. C’est ma référence.
J’ai rapidement réalisé mes premières observations. Il était tard dans la saison pour réaliser des photos avec un peu de lumière, mais les différents terriers que je connaissais étaient actifs, ce qui m’a permis d’accumuler les heures d’affut sans exercer de pression sur un site en particulier. Une visite par semaine et par site en moyenne m’a semblé raisonnable.
J’ai tiré mes premiers enseignements de ces observations, qui m’ont été confirmés par des photographes bien plus chevronnés. S’il faut être extrêmement prudent quant à la direction du vent et au bruit, le blaireau ne voit pas grand chose, et il n’est pas nécessaire de monter des affuts improbables pour surveiller à distance raisonnable un terrier. Par contre, attention de ne pas se mettre à côté d’une des nombreuses issues de secours de la blaireautière : s’ils sont assez routiniers, les blaireaux peuvent aussi s’avérer totalement imprévisibles et décider de changer de sortie du jour au lendemain.
J’ai opté pour des affuts assez courts en durée (1h-2h maxi) avec un matériel léger me permettant d’être très réactif et mobile. Les horaires tardifs des blaireaux mettent le matériel à rude épreuve. Heureusement les appareils photos modernes permettent une très haute sensibilité, et grâce à la stabilisation et au matériel léger, on peut utiliser des vitesses très lentes (16 000 iso, 1/30s f5.6 -1IL par exemple).
Voyant que je galérais à réaliser quelques photos sur mes spots, un ami m’a gentiment invité à venir sur l’un des siens. Cet affut a été superbe, on a vu une bonne demi douzaine de blaireaux sur un site très ouvert.
Et puis j’ai petit à petit arrêté mes affuts, les jours raccourcissant et n’ayant plus trop le temps à consacrer à la photo pendant quelques semaines. Ma dernière observation a été lors d’un repérage, de façon très inattendue. Vivement l’an prochain où j’aborderai la saison avec en tête les images que je veux réaliser… Il faudra encore beaucoup de préparation.
Post scriptum : je viens de lire et je vous recommande si vous voulez débuter la photo de blaireaux, l’excellent article de Fabien Gréban sur le site de Régis Moscardini Auxois Nature.