Il y a quelques jours, je décide de me rendre sur une blaireautière qui permet souvent de belles observations. C’est un “repérage” pour voir si les habitudes n’ont pas trop changé, en vue d’un affut avec un ami suisse qui veut découvrir ces petites bêtes.
J’appelle un autre ami, lui propose de faire l’affut ensemble, et nous voila partis. Ce jour là, en plein milieu de la période de canicule, il a plu sur cette région de la Bourgogne. La température est de 22°C quand nous garons la voiture, c’est exceptionnel!
L’air frais est agréable pour la montée assez raide vers l’affut. Nous nous installons rapidement. Je compte sur ce rafraichissement pour favoriser une sortie des blaireaux assez tôt. Le vent est quasi nul, bien orienté, les conditions sont bonnes.
Pourtant, durant les 2 premières heures d’affut, rien ne se passe… La nature est silencieuse, pas un chevreuil, la harde de sangliers, qui descend souvent la combe, ne se fait pas entendre, le calme plat…
Un peu après 20h30, un premier individu sort rapidement de la gueule du terrier habituel, et file vers le haut de la combe. Il fait un petit arrêt à notre hauteur, photo, la soirée est déjà réussie, une photo à 5000 iso c’est exceptionnel (je suis souvent bien au dessus), il prend le large tout à fait serein, conditions idéales.
J’ai souvent observé cette situation depuis 3 saisons maintenant que je les observe. Les premiers individus partent généralement très rapidement, ne prennent pas le temps de faire leur toilette ou de se gratter longuement, comme la majorité du groupe familiale le fait tous les jours. J’en déduis qu’il s’agit d’urgences, faim, besoins naturels… ça reste à découvrir j’en apprends tous les jours.
Quelques minutes après, vers 20h45, quelques têtes pointent plus prudemment, puis sortent rapidement, en toute confiance. Je suis placé assez près de la gueule du terrier, je me fais très discret et reste immobile. Un des individus monte à ma hauteur, contourne un bouquet de hêtres et semble me regarder à travers la fourche formée par les arbres :
Évidemment je suis sur le qui vive, j’ai l’impression qu’il a détecté ma présence.
Finalement il baisse la tête et il ne me faut qu’un court instant pour identifier le bruit que j’entends : à ses lapements je comprends qu’il est en train de boire l’eau de pluie collectée dans le creux de la fourche!
Je savais par mes lectures (ouvrage consacré au blaireau chez Delachaux et Niestlé) qu’ils peuvent trouver de l’eau dans des endroits similaires. Mais je n’osais pas espérer être témoin d’une telle scène!
Mon ami, placé sur un autre axe, observe d’un peu plus loin, et ne pourra pas comprendre tout de suite la scène. Sa vue est masquée par des arbres. Je lui raconterai en sortant de l’affut une demi heure plus tard.
Bientôt, 2 autres blaireaux montent pour aller boire avec avidité sur ce trou d’eau et un autre à quelques mètres. J’enclenche le mode vidéo pendant qu’il y a du mouvement, et je filme la scène :
Je fais encore quelques vidéos et photos, le petit groupe s’est rassemblé au bord du trou qui lui sert de sortie en ce moment, et s’épouille vigoureusement, en profite un peu pour chahuter, se câliner…
Finalement chacun finit par quitter successivement la blaireautière pour aller chercher la nourriture quotidienne. Un petit arrêt par la zone des “pots” pour les besoins naturels et ils disparaissent dans la pénombre qui s’installe.
La zone se vide et on peut repartir tranquillement. Ils ont navigué à quelques mètres de nous sans nervosité, ils n’ont pas soupçonné notre présence c’est un affut parfaitement réussi et particulièrement riche en observations.
Avant de quitter nos postes, on vide les bouteilles d’eau de nos sacs dans ce qu’on sait être maintenant de précieuses réserves pour ces blaireaux qui souffrent de la chaleur comme les autres animaux. Un petit geste pour nous.
2 Commentaires
Bravo Ben pour ses superbes images et ce fabuleux récit ! J’étais avec toi dans l’affût au fil des lignes ! Observation très rare ou tu a pu être le spectateur attentif ! Un régal cette scène pour le passionné que tu es. Félicitations à toi pour ta persévérance et le partage. Vivement tes prochaines observations !
Thierry
Merci Thierry, ça me touche, d’autant venant d’un photographe qui multiple les très belles observations avec un respect remarquable.