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24 Avr

Cadeau

Ce soir là, sitôt sorti du travail je prends le chemin de ma vallée préférée. 25 minutes de route, un peu de marche et je m’installe vers ce nouveau terrier. C’est mon deuxième affut, la première fois j’ai eu très froid (il faisait 4°C il y a 10 jours). J’avais affuté depuis le bord du chemin, et un renard avait pointé son nez pour rentrer dans le terrier à 18h45. J’avais eu peur qu’il m’ait vu, bien que je n’aie pas détecté de signe de panique. La soirée s’était finie sans autre apparition.
Et donc, le soir de ce nouvel affut, vers 20h20 environ un blaireau adulte sort, se gratte un moment (derrière un arbre, forcément), puis traverse le chemin à quelques mètres de moi. Je ne peux faire que 2-3 photos souvenir, je suis mal orienté depuis ma nouvelle position à la hauteur des terriers et il n’est pas question de bouger. Je suis toujours très prudents lorsque j’affute pour la première fois vers des terriers. L’an dernier un blaireau est sorti comme un bouchon à 1m de moi, et a du avoir la peur de sa vie en me voyant :-). Le trou était quasi indétectable dans la roche…

Le blaireau adulte prend le large tranquillement

Quelques minutes plus tard je vois une boule de duvet sortir d’un trou un peu plus à droite, juste dans l’axe. C’est un blaireautin qui sort et joue avec les feuilles d’une petite branche. Puis une deuxième, ils restent la plupart du temps dans le trou donc les occasions de déclencher sont rares.

Finalement ce sont 3 blaireautins qui jouent et partent de l’autre côté tranquillement.

A ce moment là j’entends farfouiller sur ma droite au dessus, discrètement puis de manière plus prononcée.
Je finis par identifier une chevrette qui descend vers moi doucement. Je surveille d’un œil les blaireaux qui s’éloignent tranquillement. La chevrette passe juste derrière moi, s’enfonce dans le bois. Au bout d’un moment elle m’évente, aboie 2-3 fois et s’éloigne.
Là je me dis que je vais en profiter pour plier, je rassemble mon filet, et je vois une forme qui bouge sur le terrier d’où sont sortis les blaireautins.
Un renard y est assis, il fait tranquillement sa toilette. Je le vois à peine, pas question de faire une photo. Je me fige. Il finit par bouger, tranquillement, et se dirige droit vers moi.
Intérieurement je me dis « non, non, fais pas le con, renard, tu vas finir par me voir ».
Il s’arrête à 4m de moi et se gratouille tranquillement l’oreille. Je ne pense pas que c’est celui de la dernière fois, qui avait les flancs maigres. Je mise sur un mâle, avec un beau pelage et un pompon blanc sur la queue.
Il repart tranquillou et passe derrière moi. Je suis toujours figé, je ne peux plus le regarder, il me semble que j’entends son pas s’accélérer mais je ne suis pas sur. Est-ce qu’il m’a senti?
En tout cas ces 5 minutes avec le renard à côté de moi, tranquille… du pur plaisir (et zéro photo)

Les dos des 3 blaireautins jouant dans le trou du terrier.
08 Août

Canicule pour les blaireaux, une observation assez exceptionnelle

Il y a quelques jours, je décide de me rendre sur une blaireautière qui permet souvent de belles observations. C’est un « repérage » pour voir si les habitudes n’ont pas trop changé, en vue d’un affut avec un ami suisse qui veut découvrir ces petites bêtes.

J’appelle un autre ami, lui propose de faire l’affut ensemble, et nous voila partis. Ce jour là, en plein milieu de la période de canicule, il a plu sur cette région de la Bourgogne. La température est de 22°C quand nous garons la voiture, c’est exceptionnel!

L’air frais est agréable pour la montée assez raide vers l’affut. Nous nous installons rapidement. Je compte sur ce rafraichissement pour favoriser une sortie des blaireaux assez tôt. Le vent est quasi nul, bien orienté, les conditions sont bonnes.

Pourtant, durant les 2 premières heures d’affut, rien ne se passe… La nature est silencieuse, pas un chevreuil, la harde de sangliers, qui descend souvent la combe, ne se fait pas entendre, le calme plat…

Un peu après 20h30, un premier individu sort rapidement de la gueule du terrier habituel, et file vers le haut de la combe. Il fait un petit arrêt à notre hauteur, photo, la soirée est déjà réussie, une photo à 5000 iso c’est exceptionnel (je suis souvent bien au dessus), il prend le large tout à fait serein, conditions idéales.

J’ai souvent observé cette situation depuis 3 saisons maintenant que je les observe. Les premiers individus partent généralement très rapidement, ne prennent pas le temps de faire leur toilette ou de se gratter longuement, comme la majorité du groupe familiale le fait tous les jours. J’en déduis qu’il s’agit d’urgences, faim, besoins naturels… ça reste à découvrir j’en apprends tous les jours.

Quelques minutes après, vers 20h45, quelques têtes pointent plus prudemment, puis sortent rapidement, en toute confiance. Je suis placé assez près de la gueule du terrier, je me fais très discret et reste immobile. Un des individus monte à ma hauteur, contourne un bouquet de hêtres et semble me regarder à travers la fourche formée par les arbres :

Évidemment je suis sur le qui vive, j’ai l’impression qu’il a détecté ma présence.

Finalement il baisse la tête et il ne me faut qu’un court instant pour identifier le bruit que j’entends : à ses lapements je comprends qu’il est en train de boire l’eau de pluie collectée dans le creux de la fourche!

Je savais par mes lectures (ouvrage consacré au blaireau chez Delachaux et Niestlé) qu’ils peuvent trouver de l’eau dans des endroits similaires. Mais je n’osais pas espérer être témoin d’une telle scène!

Mon ami, placé sur un autre axe, observe d’un peu plus loin, et ne pourra pas comprendre tout de suite la scène. Sa vue est masquée par des arbres. Je lui raconterai en sortant de l’affut une demi heure plus tard.

Bientôt, 2 autres blaireaux montent pour aller boire avec avidité sur ce trou d’eau et un autre à quelques mètres. J’enclenche le mode vidéo pendant qu’il y a du mouvement, et je filme la scène :

Je fais encore quelques vidéos et photos, le petit groupe s’est rassemblé au bord du trou qui lui sert de sortie en ce moment, et s’épouille vigoureusement, en profite un peu pour chahuter, se câliner…

Finalement chacun finit par quitter successivement la blaireautière pour aller chercher la nourriture quotidienne. Un petit arrêt par la zone des « pots » pour les besoins naturels et ils disparaissent dans la pénombre qui s’installe.

La zone se vide et on peut repartir tranquillement. Ils ont navigué à quelques mètres de nous sans nervosité, ils n’ont pas soupçonné notre présence c’est un affut parfaitement réussi et particulièrement riche en observations.

Avant de quitter nos postes, on vide les bouteilles d’eau de nos sacs dans ce qu’on sait être maintenant de précieuses réserves pour ces blaireaux qui souffrent de la chaleur comme les autres animaux. Un petit geste pour nous.

17 Juil

Création du Collectif Renard Doubs

A l’image du très efficace Collectif Renard Grand Est, 12 franc-comtois représentant diverses activités (dont Fabien Gréban et Didier Pépin) ont initié un collectif Doubs pour la protection du renard dans le département, avec pour objectif le retrait du renard des espèces nuisibles en 2019.

Le grand intérêt que je vois à ce collectif est qu’il regroupe toutes les parties : naturaliste, observateur, photographe, mais aussi agriculteur, chasseur, et scientifique. On peut donc attendre une action raisonnée et étayée par des réflexions pragmatiques (mot à la mode…) avec un argumentaire scientifique.

Terre d’élevage, le Doubs est victime des ravages des rongeurs sur les prairies. C’est donc très logiquement que certains agriculteurs voient aujourd’hui l’intérêt de maintenir la population de leurs prédateurs pour protéger naturellement leur outil de travail, la nature.

Longue vie à ce collectif!

Signalons que chacun d’entre nous peut agir individuellement pour soutenir ce projet : http://www.renard-doubs.fr/comment-agir.php

 

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