Après l’euphorie des débuts, je vais de moins en moins voir les guêpiers. C’est la période où d’autres photos sont réalisables, le printemps touche à sa fin et les portées de mammifères sont déjà agées et prennent leur indépendance doucement. Ces photos prennent du temps, cette année par exemple j’essaie de multiplier les observations de blaireaux. A suivre…
Mais là, j’avais promis à un photographe rencontré sur une expo de l’emmener voir des guêpiers. Je n’ai pas d’assez bons « spots » pour justifier de faire faire à quelqu’un 300km pour venir faire des photos d’animaux. Mais les guêpiers, c’est « facile », c’est à dire qu’en principe, quand on connait un spot on est assuré d’y voir des oiseaux tout au long de la saison. Et c’est un si bel oiseau… Donc j’ai pensé pouvoir le proposer, à quelqu’un de confiance. Et bien on a failli faire choux blanc.
En plus d’une météo assez exécrable le matin, les oiseaux étaient très peu présents. Pourtant à cette période, ils sont en principe très actifs car ils nourrissent les petits. Et lors d’une sortie « reconnaissance » un mois avant j’avais vu une vingtaine de couples au moins, au juger…
Là, très peu d’oiseaux… et craintifs, ils se perchent en haut des arbres et boudent les buissons habituels.La visite d’un deuxième endroit a permis de faire quelques photos, heureusement!
Tentative d’explication… La rivière a érodé la rive et peut être que le site est moins propice. Mais je pense plutôt que cet endroit devient très connu, et que la réputation de « facilité » de la photo de guêpier joue des tours à ces oiseaux qui viennent d’Afrique nicher dans notre région.
Il y a une différence entre venir une demi-journée le week end, et passer la semaine devant les nids. Et quand bien même on vient une journée de temps en temps, si on est 30 à venir, ça fait une occupation quasi continuelle du site. C’est un des gros problèmes du partage des spots. Dont je profite comme tout le monde, je tiens à le préciser.
Et il y a une différence entre être débutant et faire des bêtises (comme tout le monde et moi le premier) et savoir pertinemment qu’on fait mal et persister.
Pour étayer mon propos je précise que j’ai vu il y a deux ans, trois photographes debout devant les nids, objectifs sur trépieds pointés sur les oisillons, et qui m’ont assuré qu’ils ne dérangeaient pas puisque les oiseaux venaient nourrir les petits (encore heureux!). Et une discussion Facebook sur l’accès à un site montpelliérain me fait penser que ce comportement est devenu trop fréquent.
Je ne vais pas faire de leçon de moral et me présenter comme le photographe parfait. Loin de là, comme tout le monde j’ai ma propre notion des « limites » à ne pas dépasser, et parfois je me trompe, je me rends compte que j’ai dérangé un animal et je corrige. Pour faire souvent des photos avec des amis, je sais qu’on a tous des limites différentes, et personne n’est sûr d’avoir raison.
Ceci dit, il y a des bases, une étique. Et faire photos d’oiseaux sous un filet, ou mieux une tente, c’est la base. Les guêpiers sont effectivement très tolérants, mais qui en a déjà approché sait qu’ils s’en vont au passage d’un promeneur, pour revenir 5mn après. Donc venir avec une tente, s’installer au bon moment et rapidement, ça n’est pas une grosse contrainte et c’est le strict minimum pour qu’ils puissent vaquer à leurs préoccupations sans être inquiétés. Souvent je me mets à une distance raisonnable d’un buisson où les oiseaux viennent (j’aime bien les perchoirs naturels) et je place un perchoir à mi distance. Quand un oiseau vient s’y poser, et c’est quasi systématique, je me dis que je ne suis pas dans sa zone de sécurité. Il a adopté le nouveau paysage.
Bref, ce n’est pas un coup de gueule, mais ça y ressemble… je pense qu’il est de notre responsabilité de faire le ménage dans nos rangs, calmement, mais fermement, avant que des interdictions le fassent pour nous. On doit communiquer, expliquer aux débutants qu’après leurs couteux achats optiques, une grosse centaine d’euro dans une tente est un excellent investissement, et la garantie d’avoir des oiseaux qui viennent à nous, plutôt que de courir après… plutôt que de faire les cadors en montrant des photos qui font baver les nouveaux venus, et leur font imaginer qu’elles sont réalisables en « soignant son approche »…
J’ai trouvé des photographes très intelligents qui m’expliquent les bases sur la photo de cerfs, leur vie, leurs mouvements. Je ne peux pas prétendre avoir l’expérience de naturalistes qui font ça depuis 15 ou 20 ans alors que ça n’en fait que 4 ou 5 pour moi… Ils préfèrent transmettre leurs connaissances pour minimiser l’impact de l’arrivée d’un nouveau photographe plutôt que de le laisser commettre ses inévitables bévues. J’admire cette démarche, je les en remercie et si je peux la reproduire à mon échelle, je ne m’en priverai pas. Je pense que c’est un exemple à prendre, il y va de notre responsabilité.
1 Commentaire
Bonjour Benjamin,
Comment vas-tu ?
J’apprécie beaucoup ta prise de position claire mais tout en finesse.
Approcher la nature, ses habitants demande du respect, du tact c’est une philosophie.
Bien à toi et à une prochaine
Christophe