Une semaine dans la taïga (suite 4)
Jeudi, départ pour un nouveau spot, repéré par Gilles et Marine la veille. A une soixantaine de kilomètres de notre hébergement, se trouve le Boreal Wildlife Center tenu par Kari Kemppainen et Yani Määttä, deux sympathiques personnages.
Une grande partie de la route est en fait une piste, en très bon état, pas poussiéreuse et exempte de trous et graviers. On roule bien, à environ 70-80km/h. Dans un champ, en passant, on repère quelques rennes qui paissent (comme on voit des chevreuils en Bourgogne…). Ce sont des femelles, elles ont des bois comme les mâles, mais plus petits, et les perdent après la période du rut.
A notre arrivée vers 13h nous sommes accueillis chaleureusement par Yani et Kari. Une visite des logements nous convainc qu’on est un cran au dessus de WBB. Tout est très récent et bien décoré, la salle commune est belle et moderne, la capacité d’accueil n’est pas non plus la même (plus réduite).
Gilles connait bien Kari et la discussion s’engage avec lui. Il est cameraman et a été le sujet d’un documentaire animalier il y a quelques années (Le paradis des prédateurs). Actuellement il est en train de tourner un nouveau doc, et il nous montre les photos réalisées à ce titre… fantastiques images de gloutons en particulier… inaccessible… Vraiment très sympa, il ne mâche pas ses mots et balance des blagues grivoises en anglais. Je reviendrai le voir avec plaisir, il est très intéressant.
C’est aussi l’occasion de discuter avec un scientifique belge qui passe 10 jours sur le site pour observer et compter les loups. Les anecdotes sont croustillantes, il fait ça depuis plus de 30 ans dans toute l’Europe…
Après un bon repas (préparé par Yani) et un café, départ pour les affuts. On est dans la forêt, par choix, mais il y a aussi moyen d’affuter sur une tourbière. Les affuts sont situés dans la bande de terre qui sépare la Finlande de la Russie. Le centre dispose d’autorisations spéciales.
On passe donc la frontière Finlandaise en voiture et en arrivant près des affuts on croise Kari qui vient de disposer les appâts. Deux minutes de marche et on trouve les deux affuts, beaucoup plus sommaires que ceux des jours précédents. Peu importe, on est là pour la soirée seulement. On est 3 avec Pascal et Bernard à se partager un affut où on serait plus confortables à deux. Mais on s’accorde bien et la promiscuité sera vite oubliée. A côté Gilles et Marine partagent le deuxième affut, plus petit. Et Gilles commence à regretter d’avoir laissé le 70-200 à Vartius. Tant pis, il relève le challenge et nous sortira des beaux gros plans au 600 tandis que Marine se régale avec le 200-400.
Après une matinée grisâtre le soleil se montre dans l’après midi et les couleurs sont fantastiques. Vite très bas ses rayons éclairent la taïga d’une lumière dorée.
L’attente commence et nous avons la visite d’un visiteur inespéré. J’aperçois des oiseaux inconnus et fais une photo pour identification. Bernard, notre spécialiste ornitho fait un bond en regardant mon écran “Je le crois pas, il vient de voir un mésangeai imitateur!”. J’apprendrai par la suite que c’est un oiseau typiquement scandinave, qui vit au couvert dans la taïga. Nous sommes contents de cette observation. Heureusement il viendra se poser juste devant nous et je ne serai pas le seul à le voir.
Moins d’une heure après notre arrivée, les deux premiers ours passent. Deux mâles, dont un vraiment énorme, qui nous fait prendre mesure de la puissance de l’animal, la proximité aidant.
Nous aurons la visite d’au moins 6 ours dans l’après midi et le début de soirée. Certains passent rapidement, d’autres restent un peu.
Je n’arrive pas toujours à différentier les individus (cicatrices sur le museau, marques diverses) mais certains ont une couleur originale ou des taches, comme celui ci passé en toute fin d’après midi (18h47 12800 iso 1/125e à f4, conditions extrêmes pour les boitiers). Je vous épargne les dernières photos faites une demie heure plus tard, à 100 000 iso… pour le fun.
Une belle après midi, on ne regrette pas d’avoir dépensé plus d’argent que prévu pour essayer cet endroit. On n’a pas eu la chance de voir les gloutons ou les loups, mais il en faut pour la prochaine fois. Pour une première, nous sommes très satisfaits tout en étant conscients qu’il y a encore beaucoup à faire.
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